A la fin de leurs deux représentations à Copenhague, les Tolmachevy Sisters se sont faites huées par l’audience. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire du concours que des artistes font face aux sifflets du public. douzepoints.ch revient sur ces moments cocasses et particuliers.
Quand le foot et l’Eurovision s’emmêlent…
C’est en 1984, au Luxembourg, que le public démontra pour la première fois son mécontentement. Ce sont les artistes britanniques, Belle & the Devotions, qui en furent la cible. Deux raisons sont avancées. La première raison remonte à l’automne précédent. Le 16 novembre 1983, l’équipe de football luxembourgeoise accueillait l’équipe britannique en soirée. En début d’après-midi, des hooligans anglais jetèrent des poubelles dans les vitrines des magasins et se confrontèrent à des forces de l’ordre complètement dépassées. Les dégâts s’élevèrent à plusieurs millions de francs et l’opinion publique fut très choquée. La deuxième raison est en lien direct avec la prestation de Belle & The Devotions. Dans ce trio, Kit Rolfe était la chanteuse principale, Laura James et Linda Sofield étant là pour l’accompagner. Lors des répétitions, il fut constaté que les micros de Laura James et Linda Solfield n’étaient pas ouverts. Les choeurs étaient assurés par trois autres femmes cachées en coulisse. Ayant eu vent que James et Sofield ne chantaient pas vraiment, quelques spectateurs firent connaître leur insatisfaction à la fin de la chanson. Une incompréhension plane toujours. Pourquoi ces trois mystérieuses choristes n’apparurent pas sur scène au lieu d’être dissimulées en coulisse? La BBC, embarrassée par cette histoire, expliqua que l’une d’entre elles était enceinte. Voilà une explication qui ne nous éclaire pas davantage… La chanson fit malgré tout bonne figure en décrochant la 7ème place. Etait-ce mérité? A vous d’en juger!
Silvia Night, la diva conspuée
Silvia Night, ou Silvia Nóttest est un personnage créé par Ágústa Eva Erlendsdóttir. Extravagante, narcissique, vulgaire et insupportable, Silvia Night était détestée en Islande avant de devenir une véritable star. En 2006 en Grèce, elle représenta son pays lors de la 51ème édition du concours. L’Islandaise a tenu son rôle durant toute la semaine de répétition. Capricieuse et grossière, elle multiplia les insultes envers les techniciens lors des répétitions. Elle délivra des critiques acerbes envers les autres participants et s’en prit également aux journalistes. Lors de la conférence de presse, cherchant à faire le show, elle fit expulser une journaliste – en fait, une actrice – qui l’avait regardée dans les yeux. Parmi les différentes insultes qu’elle vociféra, elle cria « Fuck you, fucking retards! », ce qui fut retranscrit de façon erronée dans la presse par « Fucking Greeks ». Cela ne fit que contribuer à son impopularité auprès de la population locale. La diva tint également des propos peu flatteurs envers plusieurs concurrents. Elle se montra particulièrement méprisante envers la représentante suédoise, Carola, gagnante en 1991. Toutes ses provocations ont été prises au premier degré par la majorité du public. Lors de la demi-finale du 18 mai, elle se fit copieusement conspuer dès son entrée sur scène par une grande partie des spectateurs, mais également par des artistes n’ayant pas apprécié sa mise en scène. Elle ne se qualifia pas pour la finale. Mr Lordi a d’ailleurs déclaré : « Je n’ai pas réellement été surpris que l’Islande ne parvienne pas en finale. Parce que…. je pense que tout le show qu’elle a fait a été un petit peu trop loin ». Comme on pouvait s’y attendre, Silvia Night fut outrée par sa non qualification. Elle continua le spectacle en coulisse en créant un véritable scandale. Voici la vidéo de sa représentation avec l’accueil le plus glacial de l’histoire de l’Eurovision.
Les boucs émissaires russes
Anastasia et Maria Tolmachevy, deux jumelles de 17 ans, ont été sélectionnées à l’interne pour représenter leur pays à Copenhague. Gagnantes de l’édition junior en 2006, ce fut la première fois qu’un vainqueur de l’Eurovision Junior se présentait à la version sénior. Avec leur titre « Shine », elles avaient bien l’intention de briller. Toutefois, le contexte politique européen était particulier au printemps 2014. En effet, courant 2013, le président russe Vladimir Poutine fit promulguer une loi punissant tout acte de propagande homosexuelle. Sous prétexte de protéger les mineurs, cette loi, toujours en vigueur, discrimine et viole les droits humains des personnes LGBT. Elle fut condamnée par des membres des différentes associations gays ou de défense des droits de l’homme, des politiques européens et américains, et également par de nombreuses personnes du show-business. A cela, s’ajouta la crise de Crimée, avec le déploiement des troupes russes en Ukraine à la fin février 2014. L’Union européenne, les Etats-Unis et d’autres pays accusèrent la Russie de violer le droit international et la souveraineté de l’Ukraine. Une troisième dimension apparut avant le concours et s’amplifia avec le temps. En avril 2014, des dirigeants russes réclamèrent la disqualification de Conchita Wurst. Le message de respect et de non jugement prôné par la drag queen autrichienne se heurta ainsi au message russe, empreint de fermeture et d’exclusion. Pour ces raisons, que ce soit en demi-finale ou en finale, les Tolmachevy Sisters furent huées par une partie des spectateurs à la fin de leur chanson. De plus, durant leur prestation, des fans présents devant la scène ont échangé leur drapeau national pour brandir le drapeau arc-en-ciel, symbole de la communauté gay. La réaction du public n’était donc pas en lien avec la qualité de la chanson, les compétences vocales ou la performance artistique des jumelles. Etait-ce donc mérité? Difficile d’y répondre. Une chose est certaine. Le public souhaitait réagir et faire entendre sa voix.
Photo : partyindatardis.tumblr.com
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