13 février 2016, jour de l’Entscheidungsshow – la finale suisse de l’Eurovision Song Contest. Durant l’après-midi, Conchita Wurst répète ses prestations. L’ambiance est frénétique à la Bodensee-Arena. Pourrons-nous, douzpoints.ch, faire l’interview promise et tant espérée? Si tout se passe bien, nous sommes prévus entre deux répétitions, après la SRF et Tele Züri. L’assistant de Conchita, Benjamin, vient nous voir. A notre plus grande suprise, il nous accompagne directement dans sa loge. Nous attendons nerveusement. Conchita arrive peu de temps après et nous salue chaleureusement. Le lieu est tranquille et intime, ce qui crée l’ambiance parfaite pour mener notre interview…
douzepoints.ch: Bienvenue en Suisse!
Conchita: Merci beaucoup!
Qu’est-ce qui te connecte à la Suisse?
C’est une bonne question. Je suis incroyablement jalouse de vous. Vous avez Tina Turner! (Silence dans la pièce). Hey, c’est une raison de disjoncter – quelle excitation! Non, j’ai toujours passé des moments supers ici, même si je n’ai pas de liens plus profonds. J’ai beaucoup d’amis dans le Voralberg – pour cette raison je comprends un peu le suisse allemand – qui est quasiment à côté. Je me sens ici très en sécurité.
En 2013, à Vienne avant les sélections autrichiennes, tu te déplaçais assez transquillement dans les couloirs, sans gardes du corps, ni mesure de sécurité. L’année passée à l’Eurofan Café, 10’000 euros ont été dépensés pour la sécurité. Comment vis-tu le fait d’être ainsi isolée?
C’est peut-être la façon dont vont les choses lorsque l’on a du succès. Cependant, je dois aussi dire que toutes ces informations n’arrivent pas jusqu’à moi. Et pourquoi devraient-elles d’ailleurs? En ce qui concerne le fait d’être isolée: cela n’a jamais changé. Dès que je me démaquille et que je jette ma perruque dans un coin, presque personne ne me reconnaît. Cela signifie que je me déplace toujours comme avant. Je prends le métro ou le bus, ou je vais faire mes courses. A Vienne, les gens me reconnaissent davantage. Dès que je vais en dehors de la ville, je peux faire ce que je veux (rire).

Conchita, rêves-tu? Et si oui, rêves-tu de toi en tant que Conchita ou de Tom?
Je ne rêve jamais de moi en tant que drag queen, ce serait trop fatigant. Et oui, je rêve. La plupart du temps, je rêve de chansons non abouties, et j’essaie désespérément de les finir. Ce n’est pas un sommeil reposant. Ces derniers temps, je ne rêve que de musique,
Avais-tu pensé un jour qu’un succès à l’Eurovision Song Contest aurait pu avoir de telles conséquences, et que tu deviendrais l’ambassadrice de la tolérance?
Je suis honorée que l’on me nomme ambassadrice. Mais je ne vois pas les choses de la même façon. Pourquoi moi? Je ne fais que dire mon opinion et c’est déjà bien. Je me réjouis naturellement énormément que des personnes partagent mon opinion, que cela les inspire et qu’ils se sentent plus forts. Mais je dis également beaucoup de bêtises. Je ne sais pas si on doit faire de moi une ambassadrice. C’est pour cela que je suis un peu prudente et que j’essaie de me distancer de cette notion. Bien qu’en même temps, cela me flatte beaucoup.
Tu vas partir en tournée. Et depuis hier, nous savons que tu passeras par la Suisse. Quand iras-tu dans d’autres pays européens?

Rapidement encore sur ton deuxième album. On dit que tu écris tes chansons toi-même…
Oui, la rumeur est vraie. Depuis 6 mois, j’ai commencé à écrire des chansons. Je dois dire qu’entretemps, je ne comprends pas comment j’ai pu faire avant. Cela me rapproche tellement de ma musique que ce n’est pas comparable avec ce que j’ai fait auparavant. Je joue également en live avec un groupe et je dois dire ceci: c’est mieux que tout ce que j’ai fait avant. Je suis donc incroyablement euphorique et enthousiaste. Et j’espère que quelques-unes de mes chansons pourront figurer sur l’album. Je ne sais toutefois pas si je suis une bonne compositrice.
Au cours de tes nombreux voyages, tu as rencontré beaucoup de personnalités. Qui t’a le plus impressionné?

De quelle performance dans ta carrière es-tu particulièrement fière?
Je suis rarement fière de moi. Mes parents sont par exemple très fiers qu’après avoir arrêté l’école, j’ai décidé quelques années plus tard de terminer mes études. Je pense simplement que c’est normal. Je ne voulais pas avoir inscrit «arrêt des études» dans mon curiculum vitae. Je suis très rarement fière de moi.
Tu étais hier membre du jury pour les sélections autrichiennes. Comment as-tu trouvé l’exercice?

Es-tu satisfaite de la gagnante?
Je dois dire honnêtement que ma favorite était Elly, qui a fini deuxième. Cela ne fait rien, car je suis une grande fan de Zoë. La seule chose qui ne m’a pas plu était ce tapis roulant. Lors de sa prestation, elle devait faire semblant de marcher. Ce tapis roulant était si étroit qu’elle devait sans arrêt faire attention de ne pas tomber. Ça la stressait totalement et la chanson perdait en qualité. L’effet visuel n’est pas si incroyable qu’il pourrait amener énormément de points. Pour cette raison, je lui ai conseillé de laisser tomber ce tapis roulant et d’enlever cet épouvantable beat euro-dance. Elle a une si jolie chanson et une si belle voix que cela se révèle trop chargé. C’est mon opinion et elle ne vaut pas grand chose. On peut très bien écouter l’avis des autres. J’aurais souhaité une version plus épurée. Dans ces conditions, je l’aurais sans aucun doute mise sur la plus haute marche du podium.
Tu défends la liberté d’expression et la tolérance. Qu’as-tu pensé de l’attitude du public envers la Russie si on parle de liberté d’expression?

Merci beaucoup Conchita!
L’interview de Conchita Wurst avec douzepoints.ch
Conchita Wurst annonce son passage en Suisse et vous dirige sur douzepoints.ch
Photos: douzepoints.ch et le compteTwitter de Conchita Wurst (Maria Ziegelböck)
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