Déjà en 2015, elle voulait représenter la Suisse à l’Eurovision Song Contest. Shana P, comme elle s’appelait autrefois, n’avait pas pu aller au-delà de l’évaluation des experts avec sa chanson «Kevlar Heart». Elle revient avec «Exodus». Plus éclatante, plus attrayante et avec un nom presque nouveau.
douzepoints.ch: Shana, félicitations! Tu t’es qualifiée pour la finale suisse de l’Eurovision Song Contest. Comment as-tu appris ta sélection? Quelle a été ta réaction?
Shana Pearson: C’était le soir-même, en rentrant de Zürich après les auditions. J’arrivais chez moi et j’ai reçu un appel de la Suisse allemande où on m’annonçait que j’étais prise. J’ai sauté de joie dans tout mon appartement. J’étais vraiment très contente. On nous avait dit que les résultats seraient donnés le lendemain à 10h. Du coup, la pression n’a pas duré plus longtemps. J’étais trop contente!
Ce n’est pas la première fois que tu tentes ta chance dans le concours. En 2015, tu t’étais retrouvée à l’évaluation des experts avec ta chanson «Kevlar Heart». Pourquoi t’es-tu relancée dans l’aventure?
Ce n’était pas du tout prévu. La SRF m’a contacté et m’a demandé: «Pourquoi n’essaierais-tu pas de te présenter cette année?». Comme j’étais en train d’enregistrer mon EP, je ne pouvais pas créer une chanson en une semaine. Ma personne de contact m’a donc dit qu’ils avaient une panoplie d’incroyables paroliers et compositeurs. Ils m’ont envoyé une vingtaine de morceaux et j’ai pu en choisir deux que j’ai beaucoup aimés. Au final, on a donc choisi «Exodus» et je ne le regrette pas parce qu’on est en finale (rires).
Parle-nous de toi… Comment as-tu commencé la musique? Est-ce une histoire de famille?
Un petit peu (rires). Je pense que ça a toujours été en moi. Depuis mes 4-5 ans, je chante. Mon premier souvenir, c’est quand j’allais en vacances en Italie avec mes parents. Ils mettaient la musique dans la voiture et je chantais à l’arrière. J’ai toujours voulu être chanteuse. Ma grand-mère était chanteuse d’opéra à Genève au Victoria Hall. Mon père jouait de la guitare et du piano. Ma mère du piano également. La musique fait aussi partie de la vie de toute ma famille aux Etats-Unis. Mon oncle a un studio d’enregistrement où on jamme tous ensemble. Oui, ça a toujours été une affaire de famille.
Quel est selon toi ton plus grand succès musical?
Au niveau commercial, c’est mon morceau avec Big Ali [ndlr: Distress “Sending Out an SOS”], parce qu’on a eu la chance d’être n° 2 pendant des semaines dans les charts français. C’est sûr que ça aide, ça ouvre des portes. On a fait des concerts dans toute la France et en Suisse. Et sinon au niveau personnel et artistique, c’est la finalisation de mon EP, car j’ai tout fait de A jusqu’à Z pendant 1 an et demi. Ca n’a pas toujours été facile. J’y ai mis toute mon énergie. Cela a amené beaucoup de changement dans ma vie. J’étais dans une relation depuis 7 ans et on a rompu. Ce n’est pas pour rien. J’étais tellement impliquée dans ma musique. J’étais tous les jours sur ce projet et il est enfin sorti. J’en suis très fière!
Quelles sont les 3 choses que tu sais très bien faire?
Les pancakes américains. Ce n’est pas facile de bien les faire, pour qu’ils soient moelleux et bien gonflés (rires). Faire rire mes amis et… je suis une très bonne organisatrice de voyage. Mes amis me laissent tout gérer et je trouve toujours de très bons plans. J’arrive à me faire upgrader en allant négocier au guichet (rires).
En 2013, tu étais en première partie de Justin Bieber. Comment t’es-tu sentie?
C’était comme se lancer dans une arène en furie. J’ai eu la chance d’être accompagnée par Big Ali, donc je n’avais pas à me prouver en tant que nouvelle artiste. Quand on est arrivé, il y avait tellement de cris et d’énergie. C’est une de mes expériences les plus folles.
As-tu rencontré Justin?
J’ai fait la connaissance de son équipe, surtout son équipe sécurité. Ils étaient adorables. Ils m’ont pris avec eux en backstage, presque sur le devant de la scène. Ils voulaient me présenter Justin mais mon équipe devait rentrer en Suisse pendant la nuit. Donc on a vu 15 minutes du concert de Justin Bieber et on est parti. Franchement, c’est un de mes regrets. J’aurais dû rester, quitte à prendre un hôtel. J’aurais pu narguer les jeunes filles (rires).
Peux-tu nous expliquer la transition de Shana P à Shana Pearson?
C’est une très bonne question parce qu’il y a eu effectivement une transition. A la base, c’était déjà Shana Pearson. C’est le nom de famille de ma mère. En 2008, j’ai fait la 1ère partie de Vitaa. Son équipe était venue nous parler: «Et si il y a personne qui fait la première partie, comment va-t-on faire?». Pearson, personne. C’était un petit gag qui n’était pas drôle (sourire). A ce moment-là, on s’est dit qu’il fallait changer. Comme j’étais plus R’n’B urbain, on s’est dit: «Shana P, c’est peut-être mieux». Et depuis, je me suis séparée de mon label. C’était donc important de retourner à mes sources. C’est pour ça que j’ai repris le nom «Shana Pearson». Les gens disent toujours Shana «personne» (rires) mais je suis fière de ce côté américain, fière de ma famille.
Tu organises un souper pour 3 personnes. Qui inviterais-tu ? Qu’y aurait-il à manger et quelle musique mettrais-tu ?
Je suis une grande fan de Bruno Mars, donc j’aimerais bien l’inviter chez moi pour un repas. Par contre, si j’aime bien faire à manger, je ne prends pas souvent la peine de faire des mets recherchés. Je fais des bonnes Bolognese. Je sais que c’est très simple et un peu nul mais bon, c’est pas grave (rires). Bruno ferait connaissance avec mes Bolognese avec les petites carottes. C’est mon côté suisse (sourire). A part lui, je pendrais deux de mes meilleurs amis. Un ami qui aime aussi Bruno Mars et une amie qui a toujours été là pour moi. Et quelle musique mettrais-je? J’aime beaucoup Jess Glynne, Clean Bandit, Sam Smith. Je suis très fan de ce qui vient de l’Angleterre ces deux dernières années.

Shana Pearson à l’interview avec douzepoints.ch
Je te donne deux mots/noms et tu dois choisir l’un des deux. Justin Bieber ou Big Ali:
Big Ali.
Stronger ou Fearless?
Stronger.
La vie à 20 ans ou la vie à partir de 30 ans?
30 ans!
La Suisse ou les USA?
Les USA (rires). J’adore la Suisse mais les USA, c’est mon échappatoire. J’ai besoin de retourner aux Etats-Unis régulièrement pour me ressourcer et voir ma famille.
Mélanie René ou Rykka?
Mélanie René.
Sion sous les étoiles ou la Fashion Week de New York?
Fashion Week de New York, parce que c’était un moment mémorable, une expérience inouïe.
The Voice ou l’Eurovision Song Contest?
Franchement, l’Eurovision.
Kevlar Heart ou Exodus?
Exodus, parce que je me sens plus forte qu’il y a deux ans. Exodus reflète bien la personne que je suis aujourd’hui.
Raconte-nous ton premier souvenir de l’Eurovision?
J’étais toute jeune. Toute ma famille était réunie devant la télé pour ce grand moment. Mes parents ont divorcé quand j’étais assez jeune et je garde ce souvenir de nous, unis, quand on regardait l’Eurovision chaque année.
Quelle chanson de l’Eurovision est selon toi la meilleure?
J’ai beaucoup aimé la prestation de Måns Zelmerlöw. Encore aujourd’hui, j’en ai des frissons. J’ai adoré le concept. Et depuis l’Eurovision 2015, je le suis comme artiste. J’aime beaucoup ce qu’il fait.
Ta chanson s’appelle « Exodus ». Quel est son message?
Le message de cette chanson est de se libérer de quelque chose. Exodus, c’est l’exile. Jean-Marc Richard faisait référence avec ce qui se passe dans le monde (ndlr. lors du Live-Check). Ca peut être lié à cela mais quand je la chante, je pense à l’échappatoire d’une relation malsaine ou d’une vie que l’on ne veut plus. «Free me, let me find my exodus», c’est un moyen de se sentir mieux.
Shana Pearson au Live-Check, le 4 décembre 2016 à Zürich chez SRF
Sais-tu comment s’appellent les 5 autres finalistes?
Il y a Timebelle. Freshta. Nadya. Gunta? Elle est lithuanienne… Ginta! Et… celle qui a fait The Voice… Michèle!
Quel est ton avis sur leurs chansons?
Timebelle était là quand j’avais participé il y a deux ans. J’avais beaucoup aimé leur chanson et j’aime beaucoup Apollo. Freschta, je la connaissais de The Voice, parce que j’étais commentatrice pour la RTS. Elle a une voix incroyable et une très belle chanson. Ginta m’a impressionné avec ses danseurs. Il faut savoir qu’on a eu qu’une semaine pour se préparer. Pour les deux autres, il faudrait que je puisse les réécouter.
Et toi? Comment vois-tu tes chances le 5 février prochain?
Je vais tout donner. C’est clair et net! Je pars bientôt à Bali pour me ressourcer et aussi pour chanter. Je vais vraiment pouvoir réfléchir à des idées. J’en ai déjà. J’espère qu’on pourra faire des trucs fous.
Si tu es choisie pour aller à Kiev, qu’est-ce qui sera important pour toi? Quels seront tes objectifs? Tes espoirs? Tes attentes?
Pouvoir voyager et chanter, c’est déjà génial. Mais j’adore l’échange et le partage avec les gens. Une expérience comme celle-ci, c’est une histoire de partage. Pouvoir rencontrer d’autres candidats d’autres cultures, d’autres pays, je n’ose même pas imaginer l’expérience que cela doit être au niveau émotionnel. J’aimerais vraiment pouvoir vivre ça et représenter la Suisse, qui n’a pas fait très fort ces derniers temps. S’affirmer en tant que petit pays parmi tous ces pays qui cartonnent à l’Eurovision, ce serait un challenge mais un but également.
Et pour finir: pourquoi le public devrait voter pour toi?
Parce que j’ai roulé ma bosse (rires). J’ai grandi en tant qu’artiste. J’ai cette force en moi et j’aimerais la partager avec les gens. Je peux aussi toucher les gens en l’espace d’une chanson.
Merci Shana pour cette interview et bonne chance!
Shana Pearson sur internet: iamshanapearson.com, Facebook, Twitter, Instagram

Shana Pearson est en 6ème position à My Eurovision Scoreboard avec 489 points. (31.12.2016). Téléchargez l’app!
Photos: Live-Check de la SRF et de douzepoints.ch
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