Licia Chery avait enflammé la scène du show de sélection à Zurich le 7 décembre dernier. Elle avait ainsi amplement mérité sa qualification pour la finale suisse qui aura lieu à Kreuzlingen le 31 janvier 2015. douzepoints.ch ne voulait pas manquer l’occasion de rencontrer la sympathique Genevoise.
Licia, félicitations! Tu t’es qualifiée pour le show national de Kreuzlingen. Comment as-tu appris ta sélection?
J’étais déjà rentrée chez moi à Genève. Ma manager, Pascale, m’a appelée et a voulu faire une blague en me disant : « écoute, il va falloir encore travailler dur… parce que… tu vas à Kreuzlingen!!! » (rires).
En tout cas j’étais très contente, car j’avais très peur de la Suisse alémanique. Les gens ne m’y connaissent pas du tout. Je me suis donc dit que je n’avais que mon énergie pour convaincre. Et tout s’est bien passé.
Licia Chery à l’évaluation des experts, le 7 décembre 2015
Et aujourd’hui, comment te sens-tu à 1 mois de la finale?
J’ai envie de faire tellement de choses. J’ai beaucoup d’idées pour cette finale et ça va être top! (rires).
Parle-nous de toi… Quand as-tu commencé la musique?
Je suis auteur compositrice interprète et je viens de Genève. J’ai commencé la musique très tôt. J’étais au Conservatoire en solfège et piano. Pendant toute ma scolarité, dès que je pouvais, je créais des chorégraphies pour mes camarades ou je montais sur scène pour chanter. A chaque fois, je prenais part aux spectacles qu’il pouvait y avoir.
Quel a été ton premier pas dans le monde professionnel?
A 17 ans, pour mon travail de maturité au collège, j’ai fait mon 1er album. C’est comme ça que ça a commencé.
Je suis partie aux Etats-Unis, au Canada où j’ai pu me produire. Il y a cette petite anecdote. J’étais à Montréal et j’ai appris qu’il y avait un casting à Brooklyn. Il était 17h30 et le casting avait lieu le lendemain à 9h. Donc, j’ai sauté dans le 1er bus de nuit pour New York. Je suis arrivée là-bas à 7h du matin. J’ai gagné le casting ce qui m’a permis de me produire à Brooklyn avec mes chansons. Mais cela faisait déjà 6 mois que j’étais partie. Je n’avais plus d’argent et j’ai dû donc revenir en Suisse (rires).
A mon retour, j’ai rencontré mon guitariste, Pierre, qui joue avec moi depuis 6 ans. On a commencé à faire des concerts, des concours également. J’ai ainsi pu me produire au Caribana Festival.
Et après, My Major Company…
Oui, j’ai mis mes chansons sur un site internet et là, 987 personnes ont mis 100’000 euros pour que je puisse faire mon album «Blue Your Mind». C’est là que tout a vraiment démarré parce que j’ai commencé à être repérée par les pros. Et aujourd’hui, je suis à l’Eurovision. Enfin… j’espère aller à l’Eurovision! (rires).
Aller à l’Eurovision suit une logique pour toi?
C’est un chemin. Mon but est d’apporter du plaisir aux gens quand je suis sur scène, de les faire sourire, de leur permettre de «fly with me» (rires). Il y a plusieurs chemins pour me permettre d’aller où j’aimerais aller. L’Eurovision est l’un d’eux.
Est-ce que ta chanson «Fly» parle de ta philosophie de la vie?
Tout à fait. Cette chanson est née du fait que je suis surprise du nombre de gens qui ne sont pas heureux dans leur vie – comme je le dis dans la première phrase. Ils sont persuadés qu’il en faut beaucoup pour être heureux. Alors qu’en fait, il faut juste qu’ils fassent ce qu’ils ont envie de faire et qu’ils suivent leur cœur. Je ne dis pas que les problèmes n’existent pas. Mais il faut apprendre à détourner le regard de temps en temps et se dire : je peux souffler deux minutes, je peux sourire deux minutes, je peux aller écouter Licia Chery deux minutes (rires)… Plutôt trois minutes (rires).
En fait, si la vie n’est pas un compte de fées, ce n’est pas l’enfer non plus. Trouvons un juste milieu.
Tu es active sur les réseaux sociaux. Comment cela se fait-il?
Je ne l’étais pas pendant très longtemps. Je ne mettais une information que de temps en temps et aléatoirement. Je ne disais pas aux gens qui venaient me voir chanter que j’avais une page Facebook parce que je n’y étais pas très active. Au final, le nombre de personnes qui me suivaient sur Facebook n’est pas représentatif du nombre de personnes qui m’ont découverte sur scène. Je me suis donc dit qu’il fallait vraiment que je m’y mette.
Cet été, un magnifique moment. Youssou Ndour t’invite sur la scène du Paléo pour interpréter «7 Seconds» à ses côtés. Quel souvenir en gardes-tu?
Juste avant de monter sur scène, quand la chanson allait commencer, je ressentais les vibrations de toutes les personnes présentes. C’est un moment qui me reste parce que c’est ça qui m’a donné l’énergie d’y aller. J’avais tellement peur! J’étais terrorisée! (sourire).
Pouvoir chanter une chanson qui est connue par tout le monde, qui a touché tellement de personnes, moi également, c’était un honneur.
Tu organises un souper pour 3 personnes. Qui inviterais-tu? Quel en serait le thème? Qu’y aurait-il à manger et quelle musique mettrais-tu?
Ok… je pense que j’inviterais Jean-Sébastien Bach, Otis Redding et Michael Jackson. On ferait une soirée sur le thème des «Génies de la Musique». Je préparerais du riz avec des pavés de saumon. Pour la musique, je mettrais un mix de leurs œuvres et je leur demanderais : « Allez-y! Expliquez-moi! Tout ça, ça vous est venu comment? » (Rires)
Je te donne deux mots/noms et tu dois choisir l’un des deux :
– Haïti ou Suisse
Les deux! Ca me compose complètement et je vois ça comme une richesse. C’est une chance. Je ne veux pas choisir! (rires)
– Fondue ou raclette
Fondue!
– Cheveux longs ou cheveux courts
Cheveux courts.
– Soul ou pop
Soul.
– Anglais ou français
Franglais! (rires)
– Michael Jackson ou Norah Jones
Bon, normalement je n’aime pas choisir entre deux artistes. Mais si je ne dis pas Michael Jackson, il ne va pas venir à mon dîner, donc Michael Jackson (rires).
– SebAlter ou Anna Rossinelli
Là, tu me demandes de choisir entre deux compatriotes qui ont été les deux finalistes à l’Eurovision. Et tu me poses cette question en Suisse, pays neutre. Donc… réponse neutre! (rires)
– Conchita Wurst ou Loreen
Conchita-Reen! Tu ne m’auras pas! (rires)
Raconte-nous ton premier souvenir de l’Eurovision?
C’était avec Céline Dion. Il faut savoir que j’en étais complètement fan. A l’époque, Youtube n’existait pas. On ne pouvait pas voir sans arrêt des images. Donc à chaque émission sur elle, j’enregistrais tout et je le regardais plusieurs fois.
Un jour, Jean-Pierre Foucault avait fait une émission que je n’oublierai pas : une spéciale Céline Dion (rires). Ils montraient tout son parcours. Arrivés à l’année 88, ils disent qu’elle a gagné l’Eurovision. Je découvre alors l’Eurovision et j’apprends en plus qu’elle a gagné pour la Suisse. J’étais tellement fan que je me suis mis dans la tête que la prochaine fois que la Suisse gagnera à l’Eurovision, ce sera grâce à moi! (rires). C’était un rêve de petite fille, j’avais 12 ans.
Que penses-tu de Conchita Wurst?
J’ai trouvé sa chanson très engagée. Elle peut toucher tout le monde dans n’importe quel contexte. Je me suis sentie touchée. Quand on fait partie d’une minorité, qu’on le veuille ou non et même si on est accepté par la société, on a toujours l’image renvoyée par les gens que l’on est différent.
Conchita a trouvé la manière pour dire qu’elle était là et qu’il fallait l’accepter. Elle a pu dire à tous ceux qui l’écoutaient et qui étaient touchés par ce qu’elle disait : «vous n’êtes pas seuls». C’est le pouvoir de la musique. Aller chez les gens et les toucher dans le cœur, au-delà de la musique et des paillettes. C’est ce qui donne de la force.
Connais-tu les 5 autres participants à la finale de Kreuzlingen? Quel est ton avis sur leurs chansons?
Je ne les connais pas personnellement mais j’ai vu leurs prestations. Je suis contente car le niveau est bon et il y a de la qualité chez tous les finalistes. Il y a vraiment un challenge, c’est de la «bonne compétition». De plus, l’ambiance est bon enfant, donc ça donne juste envie d’y aller.
Et toi? Comment vois-tu tes chances?
Euh… Très bonnes (rires). Non, je pense que les 6 ont le même pourcentage de chance. Ca va être une question d’énergie. Cela va dépendre de ce que le public va ressentir. Tu ne peux pas lui mentir et c’est lui qui va choisir.
Nous allons mettre toutes les chances de notre côté pour faire un super show et faire en sorte que les gens soient emportés avec nous. Et après on verra (sourire).
Tu vas également interpréter «All About That Bass» de Meghan Traynor. Pourquoi ce choix?
Parce que je ne suis pas toute fine (rires). J’ai été touchée par cette chanson et je la trouve entraînante. J’ai aussi deux petits neveux qui sont fous de cette chanson. Quand les enfants aiment à ce point une chanson, c’est tout bon!
Si tu es choisie pour aller à Vienne, quels seront tes objectifs? Tes espoirs? Tes attentes?
C’est une super vitrine pour présenter ce que je fais. «Fly» est une de mes compositions, donc je vais vouloir donner le maximum. Quoiqu’il advienne, quelque soit le résultat, j’aimerais que les gens n’oublient pas ma prestation. Qu’ils puissent se dire : «elle, elle m’a fait sourire! Elle m’a emmenée avec elle». J’aimerais laisser une trace (sourire).
Merci Licia pour l’interview. Nous te souhaitons bonne chance pour la finale!
www.liciachery.com, page Facebook de Licia, Twitter.
Photo: Selfie de Licia Chery
Licia Chery à Genève – exclusif pour douzepoints.ch
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